L’art délicat de la prépa...

...ou la recette inratable de la meule cool. 

Voila ce que nous vous proposons aujourd'hui.

- Commencer par chercher une moto de la fin des années 70 ou du début des années 80, peu importe. Juste pas chère. On l'appelera « la base » (ah oui, on allait oublier… dans notre grande bonté on va au passage vous donner le minimum de vocabulaire indispensable pour ne pas passer pour un blaireau, elle est pas belle la vie ?).

- L’acheter.

- La dépouiller (ça veut dire qu’on démonte presque tout : l’éclairage, l’instrumentation, le guidon, le réservoir, la selle, les garde-boues, l’échappement, la béquille centrale…).

- Peindre les roues d'une couleur improbable (soyez créatifs, mais dans le respect de la tendance du moment : blanc crème, rouge bordeaux...attention ça change très vite! ). 
Dans le cas où la base est munie de roues à rayons on se contentera de peindre les moyeux et les jantes (encore que…). Si les jantes sont vraiment impeccables on peut aussi les laisser comme ça, mais faire preuve d’autant de faiblesse à ce stade de la prépa n’est pas très encourageant pour la suite…

- Monter des pneus Firestone Champion Deluxe  (à défaut des Firestone très chers, on pourra se rabattre sur une paire de pneus à crampons, de préférence bruyants et inconduisibles sur route). Ne pas oublier d’insérer des chambres à air, ce type de pneu n’en supporte pas l’absence.

- Trouver un petit compteur qui indiquera ce qu'il pourra, ça n’est pas très important, c'est juste obligatoire en cas de contrôle par les messieurs en bleu. Ils auront bien assez d’infractions à relever, inutile de mettre de l’huile sur le feu.

- Monter un phare Bates et un petit feu Lucas chinés dans l’une des centaines de boutiques qui fleurissent sur le ouèbe.  Peu importe la boutique, le critère principal devra être le prix, car dans l’écrasante majorité des cas les pièces seront made in PRC et donc d'une qualité douteuse... Pour une touche plus « roots » un phare antibrouillard vintage, de préférence rectangulaire, peut avantageusement remplacer le Bates. La vitre de phare jaune est un plus indiscutable.

- Pour les plus loyalistes, des petits clignos, surtout pas ceux d'origine, montés n'importe où mais surtout pas à l'emplacement d'origine.

- Trouver un endroit original pour y déplacer la clé de contact. Encore une fois la laisser à l'emplacement d'origine serait une faute de goût impardonnable, voire même le signe d'un léger manque de virilité (sissy si si...)

- Monter le garde-boue avant à l'arrière, et rien devant.

- Pour la selle, tendre un bout de skai sur une planche avec un minimum de mousse, et fixer le tout sur le cadre comme on peut. A ce stade couper une bonne partie de l’arrière du cadre à la meuleuse est considéré comme une indéniable preuve de génie artistique. Pendant qu’on y est (et puis la meuleuse c’est rigolo ça fait des étincelles on peut faire de jolies photos) on en profitera pour couper toutes les petites pattes du cadre qui ne servent plus suite au « dépouillage ». On peut ainsi alléger  facilement la prépa d’un demi-kilo, ce qui compensera un peu le poids qu’aura pris le pilote à force de manger des pizzas et de boire des  bières au fond de son garage.

- Changer le guidon pour un modèle de son goût, et monter des poignées Galaxy Rootbeer (marron transparent) ou des Beston blanches (ou rouge, gris, marron, selon la tendance du moment...). 


Attention au guidon : cet accessoire à lui seul donne le style de votre prépa :  bobber, dirt ou flat track, scrambler, frisco, etc… il s’agit donc de réfléchir un peu avant de faire n’importe quoi. Le guidon peut aussi être remplacé par des bracelets pour une prépa « rod custom » ou « café racer ».

- Poser un rétroviseur minimaliste, de préférence à un endroit improbable (même usage que le petit compteur).

- Le réservoir (qui doit ab-so-lu-ment provenir d'un autre modèle) peut être poncé jusqu'à la tôle, ou couvert d'autocollants, ou repeint en marron (c'est la tendance du moment...). 
On évitera le noir mat, définitivement passé de mode…

- Virer les caches latéraux.
- Coller la batterie et tout le fatras électrique sous la selle, voire sous le moteur.

- Démonter la boite à air d’origine et la remplacer par des petits cornets trouvés eux aussi sur le ouèbe. Ainsi, on obtient un gros trou très joli au milieu de la moto, qui permet de voir au travers (si quelqu'un a une idée de l'avantage que cela pourrait procurer, merci de nous écrire). 

De plus, les cornets susnommés, outre le fait qu’ils ne filtrent pas du tout l’air, ont l’avantage d’appauvrir le mélange air-essence ce qui va provoquer moult borborygmes et autres explosions du meilleur effet dans les ruelles de la paisible agglomération où vous sévissez.

 - Et enfin l'échappement : monter des contrecônes courts (les fameux Megaton) trouvés au même endroit (et de même provenance) que l’éclairage et les cornets, sans oublier d'enrubanner les collecteurs dans de la bande thermique, de préférence blanche (pour l’assortir aux Beston peut-être, va comprendre…), qui sous couvert d'amélioration de la diffusion des gaz, cachera la misère de collecteurs bosselés et rouillés, voire fuyards. 

Les plus timorés inséreront des chicanes (qu’on n’appelle surtout pas comme ça, on parlera de « db-killers ») à l’intérieur des contrecônes. Les vrais motorfreakers ne garderont que le collecteur.

Et voilà, « la base » est devenue « une prépa ».

Mais ça n’est pas fini, nous vous livrerons les ultimes secrets demain…